Hier soir, la citadelle de Lille portait les couleurs de la lutte contre les violences faites aux femmes. 8000 personnes, toutes de violet -vêtues, ont pris le départ de la traditionnelle course solidaire.
« Cela fait quatre ans que je participe à cette course. Ça rassemble, Ça unit. Nous nous battons tous pour la même cause. Pourtant, le nombre des victimes ne cesse d’augmenter. Quand cela va-t-il se terminer ? » – Alessandra Machado représente l’association Passer’s Elles in Lille. A 20 h, au milieu des autres participants, elle a pris le départ de la course qui dénonce les violences faites aux femmes. Des hommes et des femmes, des athlètes confirmés, des joggeurs du dimanche, des familles entières, des groupes d’amis : tous réunis pour soutenir la même cause. En courant, en marchant, en silence, en papotant, en musique …chacun à son rythme sur les différents parcours concoctés par l’organisation. Cela fait cinq ans que la métropole Lille athlétisme et l’association Oser le féminisme 59 unissent leurs forces pour que cette soirée soit aussi une fête.
Certaines personnes se permettent de remettre votre parole en doute.
En France, chaque année, 321 000 femmes sont victimes de violences physiques sexuelles ou psychologique de la part de leurs conjoints ou ex conjoint chaque année. Soit 6000 victimes par semaine. Soit 850 femmes par jour. Et ces chiffres ne prennent pas en compte les femmes qui par peur, choisissent de garder le silence. Catherine * vient de passer la ligne d’arrivée. Elle est essoufflée, mais très heureuse d’avoir eu le courage de participer. Ella sait ce qu’il en est. « Quand nous subissons des violences physiques et psychologiques, notre corps et notre esprit s’habituent à ce quotidien pourtant si terrible. Ce qui a été le plus difficile pour moi, ce n’est pas forcément d’avoir reçu des coups. C’est le fait de réussir à en parler. Tout à coup, le regard que les autres portent sur vous change. Vous vous sentez sale, vous avez honte. Et le pire c’est que certaines personnes se permettent de remettre votre parole en doute ».
Résultat de cette terrible réalité : on estime que seules 1/4 des victimes qui subissent des violences physiques ou psychologique déposent plainte. Et comme si cela ne suffisait pas, seulement 30 % de ces plaintes aboutissent à des poursuites.
Je vois des enfants ravagés par les violences que subissent leur maman
Avec son groupe d’amies, Caroline débriefe sa course. Elle est fière d’arborer le tee-shit violet remis aux participants avant le départ. Elle est avocate, et exerce à Lille. Elle aussi tient chaque année à participer à cet évènement, particulièrement concernée dans l’exercice de son métier. « Notre système judiciaire, nos lois, nos représentants sont les seuls pour moi qui peuvent faire bouger les choses. J’entends que nos prisons sont pleines. J’entends qu’il n’y a pas assez d’enquêteurs et de juges spécialisés dans ce domaine. J’entends aussi qu’il est difficile de récolter toutes les plaintes et de les traiter correctement. Cependant, je vois ces femmes mourir sous les coups de leur soi-disant « amour-de-ma-vie », je vois des femmes être atteintes d’anxiété et de stress post-traumatique. Et je vois des enfants ravagés par les violences que subissent leur maman. »